Orchestre Titanic Hristo Boytchev est né en 1950 en Bulgarie. D'abord ingénieur en mécanique, puis dramaturge autodidacte aux débuts fulgurants, on le retrouve même candidat satirique à l'élection présidentielle de 1996. Hristo Boytchev est aujourd'hui un auteur de renommée internationale, dont les pièces sont jouées sur quatre continents.
Milena Markovic, scénariste, dramaturge et poète, est née en Serbie en 1974. Ancienne résidente du Royal Court Theatre de Londres, publiée en Allemagne dans Theatre Heute. Ses textes ont été montés notamment par Rahim Burhan et Slobodan Unkovski. En France, en 2006, des lectures ont eu lieu à la MC2 de Grenoble pour le festival Regards croisés, ainsi qu'au Festival d'Avignon. La Voix de son maître, Everest my lord et Voilà la tête... Voilà le tronc... Voilà les ailes...
L'œuvre de Sevim Burak occupe une place importante, quoique marginale, dans la littérature turque contemporaine. Peu d'auteurs ont su comme elle travailler la langue turque, en développer la richesse et les possibilités d'une façon aussi personnelle et inventive. Son écriture, souvent étrange, associe prose, poésie, dialogues, jeux phoniques et images. Elle y mêle réel et imaginaire, fantastique et quotidien, et on découvre un univers particulier, fait d'absurde, de tragique et de grotesque. Elle fait résonner une voix singulière, qui nous raconte les drames d'une conscience guettée par la folie, à la recherche de son identité et de son histoire. Sevim Burak (1931-1983) est née à Istanbul, d'un père musulman et d'une mère juive, originaire des Balkans. Après une carrière de mannequin, elle publie ses premiers textes dans les années soixante, mais la majeure partie de ses publications se fera à titre posthume. Elle est également l'auteur de Ah ! mon Dieu, Jéhova ! adapté à la scène par Lulu Menase en 1989, sous le titre Palais brûlés.
La Parade, La Victoire et Le Ciel Rouge Dans La Parade, deux jeunes gens, Àris et Zoé, vivent dans un appartement dont ils ne sortent jamais. Par la fenêtre de leur chambre, ils suivent une parade qui semble festive. Mais petit à petit, le spectacle devient inquiétant et se transforme finalement en tuerie. Les deux spectateurs comprennent qu'ils seront les prochaines victimes. Voyage en Unmikistan Prizren - Kosovo, printemps 2003. Un groupe d'auteurs kosovars se réunit autour de Daniel Lemahieu pour un atelier d'écriture. Leurs textes sont le reflet de la société kosovare contemporaine : les blessures de la guerre, les errements des Occidentaux, les drames et les contradictions de la quête d'une identité, la lutte contre la violence et la corruption. Voyage en Unmikistan, autrement dit le Kosovo, sous administration de l'UNMIK.
Balkanisation générale, Avec la participation de Mustapha Aouar, Anne-Marie Autissier, Ilirjan Bezhani, Igor Bojovic, Rajko Djuric, Dejan Dukovski, Régis Hebette, Marie-Isabelle Heck, Carmen Jolin, Dusan Jovanovic, Milos Lazin, Bernard Lory, Dragan Milinkovic, Jovan Nikolic, Thierry Pariente, Mirella Patureau, Nada Petkovska, Sulejman Rushiti, Marc Sémo, Slobodan Snajder, Téo Spychalski, Patrick Verschueren et Ubavka Zaric, médiation Dominique Dolmieu.
Le Septième Kafana Elles voulaient sortir de la misère et désespéraient d'attendre des jours meilleurs. Toutes ont cru au travail et à la promesse de revenus décents en Europe occidentale. Elles ne savaient pas qu'elles seraient vendues. Les marchands d'esclaves leur confisquent leur passeport et le cauchemar commence dès les premières heures du voyage. Il s'agit en effet de les anéantir afin de briser toute velléité de rébellion en utilisant les armes les plus viles et les plus redoutables à l'endroit des femmes : viol, violences et sévices, chantage, épuisement. Le piège s'est refermé. Terrorisées, elles sont désormais les marchandises de bourreaux proxénètes sans scrupules ni états d'âme. Dépossédées de toute dignité humaine, elles sont envoyées en enfer. Le Septième Kafana est une tragédie contemporaine, construite à partir de témoignages et de récits recueillis auprès de femmes moldaves victimes de la prostitution forcée et des trafics d'êtres humains.
Popùliphonia Popùliphonia est un archipoême phonique, le mariage d'amour du noble et du vulgaire, des interrogations, exposées, explosées. Du jeu de langue dans tous les sens, du jeu de bouches, de lèvres et de dents, du plaisir de nommer, de circonscrire un peu les choses en les nommant, d'appréhender le monde par la bouche, de fabriquer les paroles pour peupler la langue du chaos que nous sommes. Régis Hebette est né en 1961 près de Lyon. Auteur, metteur en scène et acteur, il dirige également le théâtre l'Echangeur, qu'il a fondé avec la compagnie Public chéri dans une friche industrielle de la banlieue parisienne. Celui-ci s'affirme rapidement comme un lieu de création et de diffusion, ouvert aux esthétiques de son temps, et qui cherche à inscrire son action dans un environnement géographique immédiat, tout en s'ouvrant à des collaborations et des problématiques transnationales. Il y monté ses textes ou ceux d'Artaud, Maïakovski, Schwab, et dirige des ateliers avec des amateurs des quartiers d'Ile-de-France, de Palestine et de Bolivie.
Si c'était un spectacle est un jeu d'écriture en clin d'oeil à Raymond Queneau. Avec humour et dérision, l'événement disséqué prend forme : Sarajevo assiégée, un tramway qui descend la "Sniper alley", un tireur embusqué, un jeune homme qui meurt... A mi-chemin entre réalité et fiction, l'exercice de style implose et déborde du modèle.
En douze tableaux intitulés "hontes", Le Diable des Balkans nous plonge dans la vie du héros Jakob, inspirée du Slovène Vitomil Zupan, partisan puis écrivain. Du maquis jusqu'à la tombe de Tito, en passant par la prison et l'infirmerie, on le voit régler ses comptes avec les autorités yougoslaves et exprimer sa révolte contre l'édification communiste de la patrie. Le Cirque Inferno, commande de l'Auberge de l'Europe, fait pour sa part référence à Shakespeare. La pièce, farcie de citations et d'autant de parodies, se déroule dans un climat burlesque : un clown, dans le public, interrompt à tout moment la représentation. Almir Imsirevic est né en 1971 en Bosnie-Herzégovine. Auteur dramatique, scénariste, nouvelliste, auteur de critiques et d'essais sur le théâtre, il enseigne actuellement au conservatoire de Sarajevo. Ses textes ont reçu de nombreuses distinctions, dont le prix de la critique du MESS, et ont été présentés en Bosnie, en Slovénie, en Pologne, en Suisse, au festival Act'in de Luxembourg, au festival d'Avignon et à Paris lors de "Balkanisation générale". Compte à rebours Impudique et imprévisible, provocatrice et sans morale, Zozo est surtout fragile et instable. Une "sans domicile fixe" qui hante les trains, avec une obsession pathologique de l'amour maternel, qui cache mal des frustrations et des blessures précoces. Aux yeux d'une société hostile et obtuse, Zozo est sans doute folle et définitivement marginale, mais cette position décentrée lui permet en réalité le seul regard humain possible dans un monde insensible et mesquin. Une écriture directe, rapide, sans fioritures.
Kosovo mon amour Dans un café tenu par Yashar, Rrom de Prizren, se déroulent des événements du quotidien en période de conflit serbo-albanais, apportant de plus en plus de violence, de corruption, de haine absurde entre ennemis jurés, hier encore amis. La pièce illustre la souffrance morale des Yougoslaves écartelés entre nostalgie, compassion, haine(s), nationalisme(s), mensonges et manipulations. Si les personnages principaux sont rroms, symbolisant le peuple simple sans orientation nationaliste, les autres protagonistes apparaissent avec toutes leurs ambiguïtés. Mais les auteurs traitent d'une destruction intérieure, qui n'épargne personne, et ne font pas le procès de l'une ou l'autre des forces en présence. "Quand les taureaux se battent, c'est l'herbe qui souffre le plus."
Hôtel Europa Un hôtel de fortune, quelque part en Europe de l’Ouest, qui accueille des réfugiés, des rescapés, des rêveurs, des égarés. De chambre en chambre, on circule entre personnages et événements hétéroclites, qui parlent de perdition, d’amour, de mobilité, d’émigration. Dans chaque séquence, un témoignage de ces mutations profondes qu’ont connues les pays d’Europe de l’Est au cours des dix dernières années. Hôtel Europa est le scénario d’une vaste entreprise théâtrale, un canevas pour une création collective et déambulatoire aux multiples facettes, qui juxtapose des propositions théâtrales et dramatiques variées.
Quel est l'enfoiré qui a commencé le premier ? Sens, Joie, Foi, Espérance, Amour, Honneur, Péché sont les titres des sept cercles qui composent l'enfer "post-moderne" de Dejan Dukovski : démystification généralisée de toutes les valeurs, éclatement de l'unité du sens et de toute totalisation, fragmentation schizophrénique de la réalité. Dans un espace et un temps concentrés à l'extrême, chacun de ces cercles est un lieu de perdition où le vieux monde se meurt dans une convulsion de joie. Des personnages fantomatiques, ultimes témoins d'une humanité désorientée, s'affrontent dans de faux dialogues à la mesure de l'incommunicabilité générale. La violence couve, attend son moment, explose à la fin de chaque séquence. Tout est consommé. Le monde est un cirque. Aimer c'est mourir ou tuer. Le clown tue la ballerine parce qu'il l'aime ou parce qu'il doit porter au-delà des mots son dire d'amour... Sang et sperme se mêlent inextricablement dans un même sanglot.
Les Arnaqueurs Daku, haltérophile mal dégrossi, et Rando, poète presque pacifiste, sont aux prises avec leurs usuriers qui exigent le remboursement de leur dette, tandis qu'Aco, patron pétri d'un islam largement délayé, tremble à l'idée que sa femme Donika découvre que c'est la dot de leur fille qu'il a empruntée. Les trois comparses, ayant investi auprès de Rrako, tentent de récupérer leurs fonds. Rrako propose alors de vendre à une famille grecque l'enfant qu'attend sa femme Juli, qui consent au sacrifice et accepte la transaction. Mais du commissaire de police au fonctionnaire européen, les candidats à la paternité sont légions... Divce ou Au matin, tout aura changé Serbie, 1993. Vasa, le père dune famille plutôt modeste de la banlieue de Belgrade, se laissant prendre par la propagande, devient un de ces "combattants du week-end" qui ont sévi en Bosnie. La violence extérieure gagne le sein de la famille : Vasa bat sa femme et se montre de plus en plus intransigeant envers sa fille de seize ans, surnommée Divce (petit géant). Celle-ci tombe enceinte et, avec l'aide de son petit ami Joca, qui ne rêve que de trafics et d'argent facile, elle finit par tuer son père et mettre au monde un enfant mort-né. Seule note d'espoir à la fin : Divce et Joca se rendent compte qu'ils s'aiment vraiment, ce qui ne semblait pas le cas tout au long de cette pièce, qui montre à merveille comment le déferlement de haine et de violence qui s'est abattu sur la Yougoslavie n'a épargné personne.
La Dépouille du serpent "Tous les liens que Slobodan Snajder a su, à travers son théâtre, tisser entre l'imaginaire et le vécu tragique, "entre les cieux, trop hauts pour l'homme, et la terre, trop dure pour y marcher", sont dangereux. C'est ce danger même qui inspire la poésie, qui crée le poète en nous. Ainsi, dans La Dépouille du serpent, Azra violée, Azra meurtrie, retrouve la parole dans l'imaginaire, le seul monde qu'il lui reste. C'est le tragique même qui s'adresse à nous. [...] Dans les pièces de Snajder, la poésie ne sert pas seulement de refuge. Elle peut nous offrir la sublimation du réel si elle reste en permanence tournée vers lui, essayant de le saisir, de le comprendre. La réalité est le préalable du songe."
Les Loups Tchétchénie, hiver 1944. Sur ordre de Staline, l'Union soviétique organise la déportation de l'ensemble du peuple tchétchène vers l'Asie centrale et la Sibérie. La moitié n'en reviendra pas. Dans les montagnes du sud de la Tchétchénie, seuls quelques survivants hantent encore les ruines du pays, se terrant dans les forêts, parmi les loups. Moussa Akhmadov utilise ce sinistre épisode de l'histoire du Caucase du nord pour évoquer les nouvelles campagnes d'extermination entreprises par la Russie "démocratique", avec la bénédiction de l'Occident. Il y plonge dans l'infinie solitude de son peuple, voué aux gémonies d'un monde avide de nouveaux démons, inventeur et bâtisseur de terreur.
La Roue de sainte Catherine Sarajevo, 1609. Une période importante aux yeux de Dzevad Karahasan, car elle voit l’établissement en Bosnie, face à la monarchie absolue qui est de mise un peu partout ailleurs en Europe, d’un ordre social et d’une culture spécifiques, fondés sur la multiethnicité. On parle et on écrit alors à Sarajevo une multitude de langues, et toutes les religions du Livre y sont déjà présentes. En cette année 1609, un moine franciscain de Bosnie décide de monter, pour l’édification du peuple, une pièce de théâtre, un "miracle" intitulé La Roue de sainte Catherine. Cependant, il convient d’obtenir l’accord des autorités ottomanes. La question est posée au cadi, puis au mufti, et enfin au pacha, qui tranche. Il voit là en effet une excellente occasion de susciter des troubles, qui lui permettront d’asseoir son pouvoir : non seulement on peut, mais on doit jouer la pièce. Dzevad Karahasan est né en 1953 en Bosnie-Herzégovine. Dramaturge, théoricien du théâtre, professeur de littérature, journaliste et enfin scribe municipal, il est surtout un écrivain confirmé. Ses œuvres ont reçu de nombreux prix en Europe, dont le prix international pour le dialogue interculturel, et deux d’entre elles ont déjà été publiées en français. Il vit actuellement entre Sarajevo et Graz, en Autriche. Cette chose-là suivi de L'Homme souterrain Dinko, responsable d'un passage à niveau, entend un bruit bizarre dans son grenier. La nuit, Cette Chose-là l'empêche de dormir, le jour de travailler. Mais quand il monte voir, il ne trouve rien ni personne. Ses amis et sa femme, employés eux aussi des Chemins de fer, restent circonspects. Mais malgré leur réserve, solidarité de cheminot oblige, ils feront tout pour aider leur collègue à capturer la mystérieuse créature qui se cache quelque part dans la maison. Émergeant du tunnel qu'il vient de creuser, L'Homme souterrain fait irruption dans l'appartement d'un jeune couple endormi. Il dit venir d'un autre monde : depuis l'Empire romain, martyrs et persécutés en tout genre se sont organisés sous la terre, et ont fait fortune. Hannibal Tiberius Claudius, employé d'une organisation humanitaire, vient donc attribuer au couple la somme d'argent qui sera nécessaire à satisfaire leurs besoins... Hristo Boytchev est né en 1950 en Bulgarie. Sa première pièce, Cette chose-là, remporte un succès aussi fulgurant qu'inattendu, si bien qu'il est élu dramaturge de l'année en 1989. En France, Le Colonel Oiseau est monté par Didier Bezace au Festival d'Avignon, en 1999. Hristo Boytchev est aujourd'hui un auteur de renommée internationale, dont les pièces sont jouées sur quatre continents. Au seuil de la désolation Au seuil de la désolation embrasse neuf cents ans d’histoire à travers le parcours d’un personnage, le Joueur, errant parmi les morts comme parmi les vivants. Revisitant la légende de Constantin et de Doruntine, Teki Dervishi fait du Joueur un envoyé du royaume des morts, chargé de ramener à sa mère Doruntine, sa sœur éloignée d’elle par un lointain mariage. Victime de la peste, Constantin se lève de sa tombe pour accomplir la promesse faite à sa mère. Mais rien ne se passe comme prévu. Le Joueur traverse le monde et ses événements sans jamais y participer. Sa présence agit comme un révélateur des peurs et des haines des autres, et surtout de leurs mensonges, soigneusement et collectivement entretenus. Au seuil de la désolation est la pièce phare du théâtre kosovar contemporain. Teki Dervishi est né en 1943 au Kosovo. Figure emblématique du théâtre albanais, ses débuts littéraires dans la Yougoslavie des années 1960 commencent par la prison. Journaliste, romancier, poète et dramaturge, ses œuvres sont jouées régulièrement en Europe. En France, ses textes ont déjà été présentés à Gare au Théâtre et à la Cité internationale universitaire de Paris. Teki Dervishi est depuis 2003 directeur du Théâtre national du Kosovo, à Prishtina.
Mais, maman, ils nous racontent au deuxième acte ce qui s'est passé au premier Un trou. C'est l'histoire vraie d'un trou. Un vrai trou. Revigorante allégorie de la séquestration en tous genres, le trou de Matéi Visniec secoue les puces des régimes totalitaires, arrache le bâillon de la résignation. Oui ! Percer l'ABCES, percer de part en part la pomme terrestre, faire SON trou. Trou tunnel, en hauteur, de puisatier. Trou évasion, trou de vie, un TROU VIVANT. PAR ICI, LA SORTIE ! On devine l'étonnement, la satisfaction puis l'hilarité du public roumain, stupéfait et réjoui. La première pièce de Visniec fut un coup de tonnerre, un pied de nez magistral, une parade, une déferlante. Revue de clowns. Pièce-jeu de massacre, absurde et mystique. Contagieuse et jubilatoire, comme si le théâtre et ses acteurs avaient égaré son mode d'emploi. THEATRE-FARCE, pièce labyrinthe, pièce attentat, pharmacopée salutaire. Mais, maman, ils nous racontent au deuxième acte ce qui s'est passé au premier a été la première pièce de Matéi Visniec créée en Roumanie après la chute de la dictature. Le Spectateur condamné à mort " Mesdames et messieurs, il y a un criminel parmi nous! " annonce le procureur. L'accusation s'empare des planches et désigne, au hasard, un spectateur comme coupable. Coupable de quoi? Coupable de se taire, de ne pas réagir lorsque la justice dérape et délire. Mais peu à peu, de plus en plus seuls face à eux-mêmes, la cour et les témoins passent de l'accusation à l'autocritique : tout le monde est coupable lorsque la justice est une mascarade. Comédie noire mais endiablée, la pièce est un avertissement à tous ceux qui se croient à l'abri de la régression sociale. Elle figure parmi les premiers combats de Matéi Visniec, qui dénonce ici les parodies de justice, dont malheureusement aucune société n'a l'exclusivité. Le Faust croate Croatie, 1942. Au Théâtre national de Zagreb, sous contrôle du régime oustacha, on décide de monter le Faust de Goethe, à des fins de propagande. La pièce est jouée pendant toute la guerre, avec une distribution de plus en plus mauvaise, la plupart des acteurs de la distribution initiale ayant rejoint les partisans dans le maquis. En 1982, puis en 1992, Slobodan Snajder utilise cet événement historique pour mettre à nu les mécanismes de la terreur fasciste et de la purification ethnique. Un chef-d’œuvre de l’humanisme classique sur une grande scène nationale par temps de "nuit et brouillard", sur fond de camps de concentration et de furie meurtrière : le paradoxe de cette représentation est l’enjeu véritable, le cœur de la dramaturgie de Snajder. Slobodan Snajder, auteur dramatique, est né en 1948 à Zagreb, en Croatie. Il a écrit plus de trente pièces, largement jouées en Europe, et publié une dizaine de livres. Exilé pendant la période Tudjman, il a été jusqu’en 2004 directeur du Théâtre de la Jeunesse de Zagreb. Ancien résident de la Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon, il était récemment présent aux "Regards croisés" à Grenoble.
Ulyssindbad Ulyssindbad réalise brillamment le projet d'un théâtre du merveilleux à la fois léger et grave. Mélange des mythes, légendes et contes du monde entier, ce tourbillon d'action, de poésie et de musique est avant tout une célébration du théâtre dans son expression la plus essentielle, la plus directe, la plus magique.
Erigon "Comment peut-on être ou ne pas être balkanique ? À cette question d'une évidente, quasi brûlante actualité, Jordan Plevnes répond par cette fable tragi-comique, cette farce si énorme qu'elles laissent loin derrière elles tous les thuriféraires de l'Absurde. [...] Rien n'est impossible en ces lieux où le vent de l'Histoire souffle toujours à contresens, où les métiers les plus enviés et les plus recherchés sont ceux de gardien de morgue et de maîtresse de mouroir. Au point que les charniers eux-mêmes finissent par devenir des lieux de jeux, d'enjeux macabres." Jordan Plevnes, poète et auteur dramatique, est depuis 2001 ambassadeur de Macédoine à Paris. Érigon, prix de la meilleure pièce du Festival international de théâtre de Sarajevo en 1982, a été créé en France en 1991 sous le titre Mon Assassin très cher.
Le Trou du péché Athènes, la nuit. Le chantier où s'active une bande de travelos est pris d'assaut par les défenseurs de la vertu sous l'oeil obscène des caméras de télévision. Le Trou du péché, farce et cauchemar, délirant, explosif, provocateur, est en même temps la critique d'une société intolérante, un cri de rage dont la véhémence demeure nécessaire, hélas, un quart de siècle après sa sortie. Yorgos Maniotis manie l'outrance et l'humour noir avec la délectation virtuose d'un petit-neveu d'Aristophane ou d'un cousin d'Almodovar première manière.
La Libération de Skopje Dans La Libération de Skopje, Dusan Jovanovic choisit de raconter l'oppression et la résistance de la population civile dans une grande ville occupée par les nazis. A travers le regard du jeune Zoran, âgé de six ans, on voit défiler une succession rapide de scènes fragmentaires, comme arrachées à une mémoire incertaine et brumeuse. Zoran idéalise son père qui a rejoint les rangs des partisans, mais lorsque sa famille célèbre la liberté, c'est une notion incompréhensible, trop abstraite pour lui.
Fièvre d'Anton Pashku (Prishtina 1975), A lire Fièvre, d'Anton Pashku, on éprouve une sourde inquiétude, une crainte, une alarme. Un danger mal identifié, mais à coup sûr terrible, menace les trois personnages de ce drame que l'auteur a choisi de situer en avril 1939, mais qu'il est aisé de transposer en d'autres temps. Coincés par la tourmente dans un refuge en haute montagne, Lulu et Lulan cherchent vainement à comprendre ce qui les a menés là. Grièvement blessé, en proie à une forte fièvre, Lulash délire. Agir ou subir ? Dans certaines situations, il n'y a plus de bon choix, semble nous dire Anton Pashku, mort quelques années à peine avant le début d'une nouvelle tourmente. Les Taches sombres "La pièce Les Taches sombres restera dans l'histoire du théâtre albanais comme une oeuvre significative et symbolique, qui dénonce la façon dont les régimes totalitaires en arrivent à tuer l'art, briser les artistes, asphyxier l'esprit moderne et novateur, et faire silence sur la vérité. La vie de cet auteur dans le goulag albanais en est un exemple édifiant. Encerclé de barbelés pointus et surveillé par les tours de guet des gardes en armes, face à ce coin de ciel livide, Minush Jero n'imaginait pas que sa création connaîtrait une seconde vie, qu'un jour elle serait exhumée de ce cimetière gigantesque édifié par la censure albanaise de jadis."
Ceci est un rêve, Ceci est un rêve est une surprenante opérette, dans laquelle l’auteur orchestre avec humour et fantaisie un vaudeville oriental, riche en impostures et quiproquos, intrigues amoureuses et situations burlesques. Les passagers d’une croisière, sous l’effet de quelques cigarettes très spéciales, sombrent dans un rêve tout aussi particulier...
Leyli et Medjnun suivi de Köroghlu Leyli et Medjnun et Köroghlu, joyaux de la littérature et de la musique azerbaïdjanaises, sont inspirés des deux principaux thèmes de la tradition épique de la culture turco-orientale.
L'Enchaîné La ville fortifiée d'Ani, bien que souvent conquise, illustre le prestige et la gloire de l'Arménie médiévale. Au XIIe siècle, la ville "aux mille églises" se trouve sous domination musulmane, gouvernée par un prince arménien. Face à une pression fiscale grandissante, un soulèvement des notables et des artisans entraîne la chute de l'émir. Le prince gouverneur fait appel aux troupes du roi géorgien voisin pour écraser l'insurrection. L'Histoire n'est ici qu'un prétexte pour construire une problématique universelle, dans laquelle les sources historiques de diverses époques et les éléments mythiques se superposent pour faire surgir une dimension nouvelle. L'auteur ne choisit pas entre le bien et le mal, mais propose à chacun de "tuer d'abord le tyran qui règne au fond de lui-même". La figure ambiguë d'Artavazd incarne à la fois la révolte enchaînée, la force, promesse de cataclysme, et un idéal toujours différé.
Chez d'autres éditeurs Petits / Petits en Europe orientale Textes de Lasha Bughadzé et Bassa Janikashvili (Tbilissi), Ali Ibraguimov et Rouslan Khakishev (Groznyj), Hamlet Chobanyan (Erevan), Tamaz Tchiladzé (Batumi), Yazan Aslihan Unlü (Izmit), Sulejman Rushiti (Skopje), Teki Dervishi (Prishtina), Ilirjan Bezhani (Tirana), Igor Bojovic (Belgrade), Giuliano Zannier (Trieste), Francis Aïqui (Ajaccio), Jean-Marc Culiersi, Gérard Lépinois, Jean-Gabriel Nordmann, Shain Sinaria et Matéï Visniec (Paris), et Marcel Hognon (Sur la route). De l'Adriatique à la mer Noire Textes de Dusan Jovanovic et Matiaz Zupancic (Slovénie), Slobodan Snajder et Filip Sovagovic (Croatie), Almir Imsirevic et Djevad Karahasan (Bosnie), Biljana Srbljanovic, Dusan Kovacevic et Ljubomir Simovic (Serbie), Igor Bojovic (Monténégro), Jovan Nikolic, Ruzdija Russo Sejdovic, Rajko Djuric et Marcel Hognon (Rrom), Anton Pashku et Sabri Hamiti (Kosovo), Ilirjan Bezhani et Minush Jero (Albanie), Matéï Visniec, Saviana Stanescu et Vlad Zografi (Roumanie), Hristo Boytchev et Margarit Minkov (Bulgarie), Jordan Plevnes et Dejan Dukovski (Macédoine), Yorgos Maniotis, Iakovos Cambanellis et Andréas Staïkos (Grèce), Sevim Burak et Ferhan Sensoy (Turquie). |
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